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Le bon sens

400 000 agriculteurs en France

68 000 000 habitants en France

 Ainsi, chaque agriculteur devrait nourrir 170 personnes quotidiennement.

750 kg d’aliments consommés en moyenne par an en France (légumes, viandes, poissons, céréales, produits laitiers, etc.)

 Ainsi, chaque agriculteur devrait produire 128 tonnes d’aliments par an en France, uniquement pour ses habitants, sans compter les millions de touristes annuels (66 millions) ; ce flux va dans les deux sens.

 Nos terres ne sont pas délocalisables, notre passion de la terre est forte, mais qui peut aujourd’hui croire que nous n’avons pas délocalisé notre alimentation, que comme pour les médicaments, les masques et autres produits, nous ne dépendions que de nous-mêmes.

Au Gaec des Hounts, nous produisons beaucoup d’une certaine manière, quelle que soit la perception qu’on en a. Nous produisons 60 tonnes de fromages, c’est beaucoup mais ce n’est pas assez compte tenu des chiffres énoncés plus haut. Nous sommes 3 agriculteurs, nous devrions donc produire 384 tonnes. Assez de chiffres, notre projet est ambitieux (l’ambition n’est pas forcément un gros mot), mais ce que nous souhaitons par-dessus tout, c’est de passer de mots utopiques à une réalité solide. Nous ne changerons pas seuls l’agriculture, mais nous sommes convaincus de notre ambition, et si elle peut devenir un repère pour quelques-uns, ensemble nous ferons grandir nos idées. Le bon sens paysan, c’est aussi le respect de ce que la nature nous offre, la nature végétale, la nature animale, la nature humaine. Les paysans agriculteurs ont offert la sédentarisation de l’humanité et en se sédentarisant, elle a su développer toute son imagination et sa créativité. Cependant, nous avons largement développé l’industrie, au point que certaines personnes ne se demandent même plus d’où vient ce qu’il y a dans l’assiette. Mais est-ce vraiment utile pourvu qu’on soit nourri ? Ce préambule sera suivi d’un programme, celui déjà en route, celui à construire.

 

1.         Le respect de notre outil

 

a)         La terre d’abord, elle est notre socle commun à tous, dans :

 

·       sa définition physique,

·       sa définition d’appartenance (ainsi donc, après une longue absence, il revint sur « ses terres » : ses propres terres, ses terres natales), il y a donc pour chacun de nous non pas une mais des terres.

·       sa définition philosophique : nous y retournerons tous, même si on est né en ville.

 

b)         Les animaux, nos animaux :

 Oui, je dis bien NOS animaux, non pas dans le sens de la propriété mais plutôt celui du « berger » qui garde le troupeau. Ne nous voilons pas la face, l’être humain est indubitablement en haut de la chaîne alimentaire, et il est parvenu par sa sédentarisation à élever des animaux, qui auparavant étaient chassés. Je vois d’ici des gros yeux se remplir, de tristesse ou de colère. Ce que nous avons oublié aujourd’hui, c’est tout ce que représentent ces animaux pour le genre humain. Franchement, allez au musée d’Aurignac, vous comprendrez à quoi ils ont servi, mais surtout où est leur utilité contemporaine aussi.

c)         Les humains :

 Faire le choix des personnes qui prendront le « pouvoir » dans notre démocratie, où nos choix personnels, au dam de certains, à l’enthousiasme ou à la consensualité d’autres, il faudra bien se rendre compte que ces personnes ne sont que platoniques. Dans la réalité du quotidien, les partages de savoir-faire, les tâches à réaliser forgent une politique, celle du concret. Alors comment nous débrouillons-nous tous sur cette exploitation pour nous réaliser ?

d)         La communauté

Je pourrais par ce terme revenir à mon point de départ, la terre. En effet, la terre est notre socle commun à tous, aux êtres conscients comme aux plus primitifs et surtout à ceux qui n’y sont pas encore. Autour de notre projet ambitieux, il y a bien entendu l’idée que des gens se retrouvent pour travailler autour d’un tronc commun, mais tout comme dans une société quelle qu’elle soit, comment individuellement vivent-ils ce projet ? Pour faire d’un projet une réalité, il faut bien évidemment créer de la valeur. « Valeur » encore un gros mot capitalistique, sauf si on considère que cette valeur n’est apportée que par le « travail humain » (Marx). Alors oui, notre projet crée de la valeur : le paysan, le chevrier, le fromager, l’artisan se retrouvent en « communauté » et chacun contribuera à l’édifice.